Thursday, October 05, 2006

De l'esclavage au salariat

L' esclavage, le produit colonial du capitalisme marchand, va à son tour disparaître et céder au bout de 150 à 250 ans selon les îles la place à un "Capitalisme fondé sur le salariat".

Donc l'esclavage a produit le capitalisme dans les îles, mais de quoi était il lui même issu ?

On voit le triomphe des Usines Centrales, mais on oublie parfois aussi la place de la micro-exploitation payant rente. On peut dire que l'esclavage a produit le capitalisme dans les îles.

Dans le cas d'Haïti il n' y eu pas le passage direct au salariat, mais la reconstitution d'une nouvelle forme de petit paysannat le plus souvent obligé de payer rente à des habitants des villes soldats, fonctionnaires ou marchands qui eux avaient obtenu la propriété de la terre des mains du pouvoir central.

Ce passage de l' esclavage au salariat ne s' effectua cependant pratiquement nul part de façon quasi automatique, sauf dans les petites îles comme Antigue ou Barbades par exemple, où toutes les terres étant totalement appropriées, et occupées, les esclaves libérés furent contraint pour survivre de se transformer immédiatement en salariés sans terre. Partout ailleurs il y eu une période de transition, accompagnée le plus souvent d'une législation répressive du travail que ce soit l' apprentissage dans les îles anglaises, ou le Livret et le travail semi forcé organisé sous le second Empire dans les îles Françaises.

Dans la plupart des îles qui offraient la possibilité aux anciens esclaves de s'installer en dehors du système, sur des terres non occupées, même si elles étaient propriété privés de tiers, on assista à un départ des nouveaux libres hors des habitations.

La question du paiement des salaires.

Le paiement faute de numéraire, des libres dans le cadre de l' "Association" avec une partie de la production de sucre, ne pouvait fonctionner, et les retenir sur les exploitations, que s'il était possible dans des conditions simples aux nouveaux libres d' emprunter sur leur part future de sucre, ou de vendre facilement ce sucre, pour obtenir les marchandises dont ils avaient besoin, comme morue salée, boeuf salé, huile, habitudes alimentaires nées sous l' esclavage, où celles dont ils avaient été privés comme les vêtements, ou les chaussures, dont le port leur était interdit du temps de l' esclavage. Ce ne fut pas le cas, ils quittèrent donc les habitations. La plus part du temps ce départ eu lieu après la récolte pendante des jardins vivriers dont le produits de tout temps avait été acquis à ceux qui les cultivaient. Dans les îles française, les litiges furent réglés par le Jury Cantonaux".

Devant ce mouvement généralisé qu'ils ne parvinrent pas à endiguer, les autorités coloniales prirent trois types de décisions, taxer les nouveaux libres, limiter les mouvements au motif de lutte contre le vagabondage, organiser l'immigration d'une nouvelle population d' "engagés".

Des taxes diverses furent partout instituées, elles ne frappait pas ceux qui pouvaient prouver leur qualité de "propriétaire", autrement dit les blancs et les riches. Pour les payer les travailleurs "libres" devaient disposer de numéraire, à défaut les contrevenants voyaient ces taxes transformées en journées de travail. Cette "corvée" pouvait être réalisée au profit des organismes étatiques ou sur des habitations. Le paiement de ces taxes ou corvées, était porté sur des documents que les travailleurs pour la plupart ne pouvaient pas lire et vérifier, ce qui donna fréquemment lieu on l' imagine à de nombreux abus.

Pour "soit disant" lutter contre le vagabondage, on institua dès règles destinées à limiter les possibilités de mouvement à l' intérieur des îles, ce fut le "Passeport à l' Intérieur". Dans les îles les plus vastes comme à Trinidad, des zones entières furent décrétées zones interdites, ce fut par exemple toutes les parties montagneuses. Il était interdit de s'installer dans ces zones pour y monter cases et jardins. Ces règles avaient pour objet de limiter l'indépendance des nouveaux libres, pour les laisser dans l' orbite des plantations. Les contraventions à ces règlements donnaient lieu à des amendes immédiatement converties s'il le fallait en journées de travail. Une alternative était proposée par certains planteurs celle de loger des familles, contre un engagement de fournir un minimum de temps de travail sur l' exploitation, ce furent les "gens casés".

Ces mesures n' étaient pas considérés comme partout suffisantes, pour assurer un travail continu aux plantations sucrières, on eu alors recours à "l'Immigration".

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