Thursday, October 05, 2006

Abolition et indemnité

Au centre de la question de l' abolition de l' esclavage, subsiste la question comment offrir des compensations à la perte de valeur d'une ancienne marchandise ? C' est la question de l'indemnisation pour la remise en cause d'un droit sacré la propriété (et non pour le prix de la douleur). Elle fut résolue de trois façons différentes : l' esclave se rachète lui même; l'État paie une indemnisation; il n'y a pas d'indemnisation.

Dans les îles anglaises, l' abolition est proclamée en 1833, mais pendant cinq ans s' ouvre une période d' apprentissage, pendant laquelle les nouveaux libres salariés, doivent rester sur les habitations, garantissant ainsi une certaine quantité de travail que l'on peut considérer comme la façon pour les anciens esclaves de payer leur liberté.

Dans les îles françaises, c'est une Commission d' Indemnisation qui va fixer, l'indemnisation. Il faut dire que la "Réaction" a repris le pouvoir aux "Radicaux" de la II° République, et que les négociants y étaient bien représentés. L'un des membres ayant fait remarquer qu' on ne devait indemniser que pour les esclaves introduits légalement avant l'interdiction de la traite. La commission trancha sur un moyen terme. On n' indemniserait pas pour les esclaves introduits après 1831, c' était reconnaître la fin effective de la traite à cette date. De plus une partie de l'indemnité a servi à constituer le capital des Banques d'Émission comme celle de la Martinique (devenue la BDAF) chargées d' offrir le numéraire nécessaire au paiement des salaires.

Le troisième cas est plus radical, l' abolition étant le résultat d'une guerre de libération Cuba, ou d'une guerre civile USA, il n'y eu pas d'indemnisation. Cependant contrairement à une idée reçu dans le cas d' Haïti, il y eu bien des années après l' abolition une forme d'indemnisation. En effet après avoir tenté sous Napoléon de reconquérir Haïti, la France, va organiser le blocus diplomatique et économique d' Haïti , tant qu'il n'y aura pas eu de règlement d'une indemnisation. C' est sous Boyer que sera négociée une indemnisation pour les biens "nationalisés" à Haïti, sous la forme d'une rente, qui incontestablement comporte une indemnisation partielle pour les esclaves. Ce prélèvement constituera un frein au développement de l'île.

Ainsi après 150 à 250 ans selon les îles l' esclavage, dont on a vu qu'il était le produit colonial du capitalisme marchand, va à son tour disparaître et céder la place à un "Capitalisme fondé sur le Salariat", symbolisé soit par le triomphe des Usines Centrales, soit par le triomphe de la micro-exploitation payant rente. On peut dire que l'esclavage a produit le capitalisme dans les îles.

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